Très vite, ce dernier assoit sa réputation, s'attirant la curiosité et les faveurs des gastronomes lyonnais et parisiens. La suite s'écrira en famille lorsque Louis et sa femme Renée reprennent en main le domaine du Château de Grand-Pré, 15 hectares à Fleurie, vingt ans plus tard. Les années soixante-dix voient dès lors se dessiner une nouvelle dynamique pour le domaine fleuriaton. Leurs fils Guy et Jean-Pierre reprendront ensemble la propriété de leurs parents avant de se séparer et de couper le domaine en deux, n'ayant pas une vision commune pour la suite.

C'est la suite de l'aventure de Guy Bertrand qui retiendra notre attention. Accompagné de sa femme Annick, il insuffle au domaine une philosophie visant à offrir en flacon la nature au naturel. Ainsi à l'aube du XXIème siècle, le travail dans les vignes se réalise avec de moins en moins de désherbants chimiques, peu ou pas de levures exogènes et zéro chaptalisation. Ce ne sont que les prémices d'un renouveau garant d'un très bel avenir...

Aujourd'hui, cette aventure se poursuit sous l'égide de Yann Bertrand, leur fils. Il insuffle un véritable renouveau stylistique avec une approche plus contemporaine, épurée et naturelle. Le véritable changement s'effectue à la vigne. Les 7,5 hectares de Gamay sont désormais conduits en agriculture biologique et 1,5 hectares en biodynamie depuis 2013 sur les appellations de Fleurie et Morgon. Aucun intrant chimique, des méthodes culturales adaptées à chaque parcelle pour amener les récoltes à maturité dans les meilleures conditions et aboutir peu à peu à une vinification sans levurage ni soufre.

Yann est véritable passionné, de vin mais aussi de géologie. Il se fait créateur de grands jus, avec toujours pour objectif de retranscrire une expression sincère de leurs terroirs. Des Gamay incarnant la typologie et la complexité des sols sur lesquels ils s'épanouissent, qu'il s'agisse d'arène granitique, de schistes, d'argiles sablonneux. Fervent défenseur du Beaujolais, Yann se révèle en artisan de la vigne, par son brin de folie, son audace et son talent, en quelques années ses vins seront rapidement classés au rang des grands jus d'émotions et de plaisir !

Au chai, des pratiques œnologiques animées par la même philosophie, le respect du vivant, le respect du produit. Ramassage et tri manuel pour acheminer un raisin mature et sain au cuvier en prémisse à une identité dans les jus, au naturel bien sûr. Durant les vinifications, aucuns intrants œnologiques, une fermentation par levures indigènes préservées par la douceur des pratiques en caves. Place à l'élevage, qui dans une même cohérence, prohibe les pompages intempestifs et les fûts neufs pour préserver le fruit.